Projet éradication de la châtaigne d’eau
Éradication de la châtaigne d’eau dans la baie de Carillon
La châtaigne d’eau, une plante aquatique exotique envahissante, est présente dans la baie de Carillon depuis 2013 (CRE Laurentides et COBAMIL, 2019). Depuis sa découverte, elle fait l’objet de nombreuses campagnes d’arrachage menées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Si ces efforts ont permis de limiter la propagation de l’espèce dans de nouveaux secteurs, sa vitesse de croissance fulgurante a entraîné la formation de vastes tapis flottants, si denses qu’ils sont aujourd’hui visibles sur les images satellites.
En 2020, le COBAMIL a été mandaté par le MELCC pour poursuivre les campagnes d’arrachage dans la baie de Carillon ainsi que dans d’autres baies du lac des Deux Montagnes. Toutefois, malgré tous les efforts déployés, l’ampleur du problème a nécessité une adaptation des méthodes : l’arrachage manuel à lui seul n’était plus suffisant. Une combinaison de machinerie spécialisée et de plans d’action adaptés s’est avérée indispensable pour enrayer la propagation de l’espèce.
Des actions intensives pour contrer la propagation
Depuis 2021, grâce à un financement de la Fondation de la Faune du Québec et du Programme Affluents Maritime, le COBAMIL a pu intensifier ses interventions. L’objectif principal du projet est de réduire progressivement la biomasse de châtaigne d’eau dans la baie de Carillon et d’empêcher sa dispersion vers d’autres secteurs sensibles du lac des Deux Montagnes et de l’archipel de Montréal.
Le projet comprend ainsi deux volets :
1- Arrachage manuel : Cette méthode est utilisée dans les zones de faible densité ou dans les herbiers aquatiques indigènes pour éviter de perturber les écosystèmes locaux.
2- Faucardage mécanique : Une faucardeuse est déployée pour couper et retirer efficacement de grandes quantités de biomasse. Cette machine, équipée de lames oscillantes, permet de retirer beaucoup plus de plantes en une seule journée qu’un groupe d’intervenants en arrachage manuel.
Les efforts combinés de ces deux méthodes ont permis de retirer 17 tonnes de plants en 2021, 119 tonnes en 2022 et 11,7 tonnes en 2023. Malgré ces résultats, irréguliers en fonction de l’utilisation de la faucardeuse, il est estimé que la lutte contre la châtaigne d’eau devra se poursuivre pendant encore une décennie pour espérer éradiquer complètement cette plante envahissante.
Bilan de la campagne 2024 : des résultats encourageants, mais une menace persistante
En 2024, les travaux se sont poursuivis à l’été. Malgré les enjeux mécaniques rencontrés avec la faucardeuse, les efforts combinés de l’arrachage manuel et du faucardage ont permis de retirer :
- 20 961 livres (9,5 tonnes) de châtaigne d’eau par arrachage manuel en 17 jours,
- 35 190 livres (16 tonnes) par faucardage mécanique en seulement 8 jours.
Depuis le début du projet en 2020, un total impressionnant de 402 030 livres (182,4 tonnes) de châtaigne d’eau a été retiré de la baie. Cependant, ces chiffres montrent également l’ampleur de la menace : des dizaines de millions de rosettes persistent encore dans la baie, représentant plusieurs centaines de tonnes de biomasse à retirer.
La situation est critique. Chaque rosette de châtaigne d’eau peut produire 10 à 15 noix, qui demeurent dormantes dans les sédiments pendant près de 10 ans. Si rien n’est fait, la propagation de cette espèce envahissante met en péril les communautés aquatiques de tout le lac des Deux Montagnes et de l’archipel de Montréal.
Pour augmenter la productivité du projet, le COBAMIL a fait l’acquisition en 2024 d’un convoyeur motorisé industriel grâce au soutien financier de la Fondation de la faune du Québec (FFQ) et du ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la faune et des parcs (MELCCFP). Cet équipement, opérationnel dès le printemps 2025, permettra de retirer plus efficacement la biomasse des colonies, accélérant ainsi les travaux dans la baie de Carillon.
Un combat de longue haleine
Malgré les efforts déployés depuis plusieurs années, la lutte contre la châtaigne d’eau est loin d’être terminée. Cette plante représente une menace immédiate et à long terme pour les écosystèmes aquatiques locaux. Les interventions annuelles, combinant arrachage manuel et utilisation de machinerie spécialisée, sont essentielles pour contenir sa propagation et protéger la biodiversité aquatique
Ce projet ambitieux est rendu possible grâce à la mobilisation de nombreux partenaires tout au long du projet.
Nos partenaires pour 2024: la Fondation de la faune du Québec et le ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la faune et des parcs (MELCCFP) dans le cadre du Programme pour la lutte contre plantes exotiques envahissantes, Environnement et Changements climatique Canada dans le cadre du Fonds pour dommages à l’environnement, et la MRC d’Argenteuil.
Nos partenaires pour 2021, 2022 et 2023: le Fonds d’action Saint-Laurent (FASL), via le Programme Affluents Maritime, avec le soutien du gouvernement du Québec, de la Fondation de la faune du Québec, et du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Ensemble, continuons à protéger nos milieux aquatiques pour les générations futures.