PROTECTION DES SOURCES D’EAU POTABLE
6
Prises d’eau potable
12
Municipalités
470 000
Personnes desservies
Protection des sources d’eau potable
La rivière des Mille Îles, alimentée principalement par le lac des Deux Montagnes et la rivière des Outaouais, est la source d’eau potable pour plus de 470 000 personnes. Ce chiffre exclut les ICI (industries, commerces et institutions) de la Couronne Nord ainsi que de la partie nord de Laval, qui ont aussi besoin d’eau potable pour leurs activités de fonctionnement.
En 2014, le gouvernement du Québec adoptait le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP), dont l’objectif principal est de protéger les sources d’eau potable du Québec. Ainsi, toutes les municipalités ayant un prélèvement de catégorie 1 (desservant plus de 500 personnes) devront, d’ici 2021, déposer une étude portant sur la vulnérabilité de leur source. Ces études devront inclure une grande quantité d’informations portant notamment sur les activités anthropiques et les affectations du territoire dans les aires de protection immédiate (500 mètres en amont et 50 mètres en aval de la prise), de protection intermédiaire (50 kilomètres en amont) et éloignée (le bassin versant). Ces études devront de plus traiter des événements potentiels qui seraient susceptibles d’affecter la qualité et les quantités des eaux exploitées par le prélèvement.
Dès 2013, lors des consultations portant sur le projet de règlement, le COBAMIL a cartographié le territoire à couvrir par ces études et ainsi réalisé que les aires de protection intermédiaires de cinq villes et d’une régie d’aqueduc se juxtaposent les unes sur les autres. La collaboration intermunicipale et multidisciplinaire devenait ainsi le choix intelligent : élimination du dédoublement de travail, accès à une grande expertise et diminution des coûts, le tout dans une approche de concertation régionale.
Étape 1: Études de vulnérabilité (2018-2021)
C’est donc en partenariat avec l’équipe de la Chaire Industrielle CRSNG en Eau Potable de Polytechnique Montréal qu’une offre de service conjointe a été déposée en 2017 aux municipalités concernées. Ce projet inclut notamment la modélisation hydrodynamique de la rivière des Mille Îles ainsi que la création d’une base de données permanente pour l’ensemble du territoire couvert par les études, dont le COBAMIL sera le gardien.
Pour chacune des six usines de traitement d’eau potable, l’équipe de la chaire de recherche et le COBAMIL verront donc à colliger et organiser l’information afin de pouvoir :
1. caractériser chaque prélèvement d’eau (en termes de vulnérabilité aux microorganismes, aux matières fertilisantes, à la turbidité et aux substances inorganiques et organiques);
2. réaliser les inventaires des éléments susceptibles d’affecter la qualité ou la quantité des eaux exploitées;
3. évaluer les menaces associées aux éléments inventoriés;
4. identifier les causes probables des problèmes avérés.
L’équipe de travail multidisciplinaire remettra au final six études de vulnérabilité en 2021, qui mèneront subséquemment à des plans de protection de la source d’eau potable. Le COBAMIL poursuivra à ce moment son implication dans le processus et sera heureux d’épauler les villes dans le processus de concertation et de mise en œuvre des diverses actions visant à protéger la pérennité de notre eau.
Étape 2 : Concertation pour l’élaboration d’un plan de protection des sources d’eau potable situées le long de la rivière des Mille Îles (2021-2024)
Afin de mieux gérer les menaces communes identifiées, les municipalités de Deux-Montagnes, Saint-Eustache, Sainte-Thérèse, Rosemère et la RAIM (Terrebonne et Mascouche) ont choisi de renouveler leur partenariat avec le COBAMIL pour élaborer un plan de protection global des sources d’eau de la rivière des Mille Îles. Polytechnique Montréal a encore une fois accompagné le COBAMIL dans ce projet en mettant à profit son expertise, notamment grâce à la modélisation hydrodynamique 3D de la rivière, permettant de simuler la propagation des contaminants et les impacts des déversements.
L’élaboration de ce plan de protection a reposé sur un processus collaboratif dynamique, structuré autour de plusieurs ateliers de concertation réunissant des professionnels et des acteurs municipaux. Lors des trois premiers ateliers de travail, organisés en 2024, les vulnérabilités spécifiques à chaque prise d’eau potable ont été examinées, et les menaces locales et régionales ont été priorisées. Parmi ces menaces figurent :
- Les rejets des stations d’épuration (STEP);
- Les débordements d’eaux usées (surverses et dérivations des STEP);
- Les installations septiques déficientes;
- Les raccordements inversés;
- Les impacts des activités agricoles;
- Les rejets et déversements de contaminants organiques et inorganiques.
Au cours des huit ateliers suivants, qui se sont tenus en 2024, plusieurs étapes clés ont été réalisées:
- Définition d’orientations et d’objectifs pour la protection des sources d’eau potable;
- Identification de mesures d’atténuation visant à prévenir la contamination des eaux et à garantir une quantité suffisante pour répondre aux besoins actuels et futurs;
- Planification de la mise en œuvre de ces mesures, incluant des solutions concrètes adaptées aux spécificités locales;
- Élaboration de plans d’urgence pour faire face aux incidents comme les déversements accidentels ou les débordements;
- Mise en place de stratégies de pérennité pour les infrastructures de traitement des eaux, assurant leur résilience à long terme.
Ce processus a permis de mobiliser et de renforcer les capacités des acteurs locaux, tout en établissant une vision commune pour la préservation des ressources en eau.
Un projet achevé avec succès : des résultats concrets pour l’avenir
Grâce à cette démarche, un plan de protection global et intégré des sources d’eau potable de la rivière des Mille Îles a été finalisé et adopté à la fin de l’année 2024. Il est actuellement en cours de révision par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Ce plan constitue une avancée majeure pour la région, non seulement en termes de préservation de la qualité et de la quantité des eaux, mais également en matière de gouvernance environnementale et de gestion des infrastructures.
Un financement clé pour un projet ambitieux
Ce projet a été rendu possible grâce au financement du Programme pour l’élaboration des plans de protection des sources d’eau potable (PEPPSEP), soutenu par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
L’engagement collectif des municipalités, des experts et des citoyens illustre la force d’une approche concertée face aux défis environnementaux. Le plan de protection des sources d’eau potable de la rivière des Mille Îles représente une réussite significative qui pourra servir de modèle pour d’autres régions du Québec et au-delà.